En acquérant deux hectares et demi d'anciennes pâtures à Anderlecht – à l'angle de la rue Delwart et de la rue des Trèfles, non loin du ring, à l'ouest – le Fonds du Logement souhaite créer, de toute pièce, un nouveau quartier durable. Dans ce but, un plan masse est tracé, comprenant des voiries et trois îlots distincts, pour un total de 466 logements. Au premier abord, la proposition urbanistique paraît curieuse, extrêmement dense, et peu connectée avec le contexte.
À l'occasion de l'appel d'offres, lancé en 2020, il nous incombe de concevoir l'architecture du deuxième îlot, composé de 159 logements, d'un atelier vélo, d'espaces communs, et de commerces. Les diverses tâches de conception se répartissent naturellement entre les différents membres de l'équipe : HBAAT, prend en charge le dessin de la partie arrière, en lien avec l'école existante ; de son côté, MDW s'occupe de la partie qui se trouve du côté du boulevard.
Le futur axe sur lequel nous nous trouvons drainera un trafic conséquent et la partie dont nous nous occupons, présente une longueur très importante. À nos yeux, cette question d'échelle est primordiale dans la résolution du projet et nous y répondons en recourant à deux stratégies :
D'abord, afin de briser l'horizontalité, et ainsi amenuiser cette sensation de longueur, nous décidons de tirer parti du dénivelé du site. Cela découle en la création de cinq entités analogues – comme des variations subtiles du même thème. De cette façon, nous clarifions les adresses, et les entrées, tout en conservant une matérialité semblable partout.
Ensuite, nous choisissons de distinguer, dans les façades, deux échelles lisibles qui répondent différemment au contexte : l'avant-plan est fait d'une colonnade en béton, aux nombreux jeux de textures. Les colonnes sont tantôt rondes, tantôt carrées, lisses en bas, rugueuses en haut. Ces éléments ont une échelle qui s'adresse à la ville.
La façade est habitée dans son épaisseur, et on distinguera, entre la colonnade et le second plan – en parpaing avec des menuiseries en bois –, les objets déposés là par les occupants – du mobilier, des plantes, du linge –, comme une mise en scène de l'habitat : cette superposition d'espaces appropriables dévoile l'échelle plus domestique du projet, en lien direct avec le quartier.
L'organisation des logements, quant à elle, fonctionne selon trois principes : d'abord, des appartements traversants, desservis par des coursives, s'alignent le long du boulevard. Ainsi, en plus des terrasses privatives au sud, les coursives servent de terrasses collectives vers le jardin.
Ensuite, les bâtiments d'angles, sont traités comme des exceptions. Les espaces communs qui s'y trouvent activent le rez-de-chaussée, et, de cette manière, ils tiennent lieu d'interface entre le projet et le quartier.
Enfin, un bâtiment de transition, au sud-ouest, accueille des duplex imbriqués, avec des jardins privatifs à l'intérieur de l'îlot et côté rue, où ils assurent une médiation avec l'espace public. L'ambition est de proposer des appartements urbains du côté du boulevard, et des typologies s'apparentant à des maisons de ville à l'arrière.
Dans le cœur de l'îlot, on trouve un vaste espace végétal traversé par une colonne vertébrale au milieu ; des tracés perpendiculaires le morcèlent en pièces plus petites. Ainsi, chaque jardin collectif est rattaché à un bâtiment et peut être géré à une échelle plus réduite ; on peut imaginer qu'il aura sa vie propre, ses activités, déterminées par les habitants. L'objectif est de créer un espace tenu, en laissant la place à une certaine forme de chaos.
Les cinq porches, un par bâtiment, sont consciemment généreux en dimensions, semblables à des portes urbaines. Ils font la transition entre l'espace public, les jardins, et les espaces de circulations qui mènent aux appartements, et ouvrent, sur les uns et les autres, des perspectives mutuelles.