Le projet ambitieux du maître d’ouvrage demande une réponse ambitieuse. La pédagogie active, les valeurs qu’elle porte doivent trouver écho dans la proposition paysagère et architecturale. Ainsi, dès les premières réflexions nous sommes partis du principe que, dans notre proposition, tout doit être pédagogique. Tous les espaces générés, architecturaux, paysagers, servants et servis, intérieurs et
extérieurs, les matières qui les composent, la façon dont elles sont structurées, construites, ordonnées sont des outils au service de l’apprentissage.
Notre analyse tend au développement d’une implantation subtile, à la construction d’une installation humaine à la fois à échelle humaine et à l’échelle du site, ouverte et intégrée à son environnement répondant aux multiples contraintes et opportunités, spatiales et sensorielles mises à jour. Notre volonté est de transformer ce vaste non-lieu au service des usages pédagogiques et de la vie quotidienne.
En s’inspirant des qualités urbaines et paysagères du campus historique pour construire la symbiose de paysages et de bâtiments, nous proposons de construire sur l’ensemble du site un jardin pédagogique dans lequel s’inscrit un anneau bâti rectangulaire. Cette implantation délimite d’une part un jardin intérieur contenu et d’autre part les nouveaux bords paysagés adressés au canal, au Ring, à la Drève, à la plaine étendue vers la tour COOVI.
composition d’un jardin pédagogique
Profitant de l’étendue du site, nous souhaitons offrir aux écoles (et à un plus large public) un outil pédagogique abordant la faune, la flore, les fonges, les micro-organismes, les cycles naturels de l’eau, des saisons, la vie humaine intégrée aux écosystèmes. Ce jardin est vecteur de projet pour les élèves. C’est un lieu d’expérimentation qui fait écho au besoin continu de sensibiliser les générations futures aux enjeux écologiques contemporains. Il comporte notamment :
Un Arboretum
C’est un jardin botanique spécialisé, généralement conçu comme un espace paysager. Il présente de nombreuses espèces d’arbres ou d’essences ligneuses, d’arbustes sous forme de collections thématiques. Il peut être nourricié (petits fruitiers, baies, noix). Par la diversité d’espèces, de formes, de couleurs, il fait vivre le jardin au gré des saisons. Il permet aussi de collecter des graines, de réaliser des semis,
d’échanger avec d’autres collections, de créer des liens et des activités avec d’autres écoles. L’arboretum traverse l’ensemble des espaces, végétaux et minéraux. Il pourrait s‘étendre au delà sur le site et être intégré à la démarche du plan directeur.
Un lagunage
Technique d’épuration naturelle par laquelle les eaux usées ou polluées transitent dans des bassins tampons préservant le reste du milieu naturel. Un lagunage fonctionne en partie comme une zone humide naturelle, en valorisant les services écosystémiques fournis par les espèces qui recyclent naturellement les nutriments. C’est un outil pédagogique et paysager fort (lagunage pour le DOA).
Une serre
Elle est destinée à protéger les plantes non rustiques et à favoriser la croissance des cultures ( légumes, fleurs, aromates, petits fruitiers, etc…) en créant des conditions climatiques plus favorables que le climat local ou permettre les cultures hors saison.
Des espaces de rétention d’eau pluviale
Bassins à ciel ouvert destinés à recueillir les eaux pluviales et à stocker provisoirement l’eau en période d’abondance. Intégrés au paysage, ces bassins sont gérés comme des zones naturelles et permettent à toute une faune et une flore particulière de se développer.
Un compost
Le compostage est un procédé de conversion et de valorisation des matières organiques (restes de nourriture, matière émanant de l’entretien du jardin, etc…). Il permet de fabriquer un terreau qui peut être utilisé pour l’enrichissement des cultures du jardin. C’est un excellent outil pédagogique lié à la gestion des déchets.
Une topographie
Nous proposons de travailler la topographie du jardin. Les ondulations du sol créent des petites buttes et des dépressions et permettent de varier les cadrages et la perception des espaces, de rendre l’espace plus ludique, propice à la découverte.
Ces mouvements de terre sont réalisés avec les déblais du site.
La Place
Au bord du canal, nous installons la nouvelle place d’entrée au site CERIA. C’est un espace public stratégique situé à l’articulation entre les espaces bordant le canal, l’ESAC, la Drève et le complexe scolaire. Cette entrée est dédiée à la mobilité douce, la place dispose d’un pavillon vélos de 250 places. C’est aussi le lieu choisi pour implanter un programme ouvert à l’ensemble des usagers du site ainsi qu’au public.
Multifonctionnel et mutualisé ce équipement regroupe les serres pédagogiques, la bibliothèque et la maison de quartier.
Cette place permet de réaliser un espace urbain franc et offre une adresse claire au nouveau complexe scolaire. Joignant la drève au jardin intérieur, elle s’étend jusqu’au chemin de halage et se prolonge par un aménagement paysagé autour d’un bassin de retenue et de traitement des eaux par lagunage.
Dans le jardin intérieur
En traversant le grand porche d’entrée depuis la place, on découvre un jardin circonscrit à l’intérieur de l’anneau bâti. Il est embouti de deux grandes cours minérales équipées, l’une ronde pour le DOA, l’autre carrée pour le D2-3. Ces cours sont positionnées face aux réféctoires polyvalents de chacune des deux écoles et se font écho de part et d’autre du jardin. Elles sont équipées des préaux dont les toiles mobiles coulissent selon les besoins de protection les jours de pluie ou de grand soleil. Le jardin est tout autant que les cours un lieu de détente et d’expérimentation. Un cheminement paysagé est aménagé pour qu’il puisse être traversé quotidiennement articulant la place et le Hall 0 ainsi que les deux cours. Un large déambulatoire complète le dispositif et longe le jardin pour connecter les quatre bâtiments distincts et permettre l’extension des activités intérieures.
La limite protégée du CERIA
Notre proposition permet au maître d’ouvrage de se questionner sur la position de la limite (fermeture du site) du CERIA du côté du canal. Bien qu’il soit tout à fait envisageable de clôre le site sur la limite de propriété, nous proposons d’accrocher cette limite aux bâtiments. De cette manière, la façade participe à la clôture, et prend pied sur la place. De cette manière, les espaces d’agrément paysagés et fonctions mutualisables offertes côté canal profitent plus facilement au public.